Identité NZHIA'KO: Comprendre la singularité de l'espace géographique et l'interdiction de mariage entre NZHIA'KO |
Question triviale,qu'est-ce qui fait que les Nzhia'ko soient differents des autres
groupes sociaux? Cette fois-ci nous titillerons nos meninges sur notre identité,
l'identité Nzhia'ko. Il ne s'agira pas de cerner tous les paramètres d'un concept aussi
proteiforme. Que non! Mais de nous pencher sur deux questions précises: l'une sur
l'épineux problème de mariage entre Nzhia'ko, l'autre sur la singularité de la formation
de l' espace géographique de ce peuple. Nous essaierons autant que faire se peut
-se réferant sur les temoignages bien entendu- de comprendre les éléments constitutifs
de ces phènomènes particuliers chez nous. Pour des raisons methodologiques nous traiterons
d'abord la question de la formation spatiale et ensuite celle maritale.
La singularité de l'espace géographique du peuple NZHIA'KO
Si vous avez été curieux un temps soit peu vous constacterez qu'il n'existe aucune
frontière materielle crèee volontairement par les fondateurs des villages Nzhia'ko si
ce n'est celle naturelle (parfois aussi matérielle telle que les routes) qui est
officiellement imposée comme telle. Il ne s'agit pas d'un hasard bien au contraire.
Tenez, par exemple au-delà de cet espace,il existe entre BABOUTCHEU-NGALEU et BAKOU
une tranchèe marquant la limite entre les deux localitès. La légende nous apprend
d'ailleurs que cela resulterait d'une volonté manifeste de nos ancetres « tomtii» pour
à juste titre prouver qu'ils sont frères. A cet égard, il est donc difficile voire
impossible de tracer les frontières exactes entre ses groupements. On nous repliquera
certainement que s’il est facile de nos jours de tracer la limite entre Bafang et Banka
par exemple. Cette confusion étant due au develloppement de la ville. Pour le cas de
l'espèce, il n'en est rien. Il se dit que la non tracabilité des limites aurait fait
l'objet d'un pacte au point que quiconque s'aventurerait à cet exercice y laisserait sa peau.
Se rapportant à des tèmoignages, des transgresseurs auraient justement payé de leur vie.
Nos aieux creaint ainsi sans aucun doute un moule formateur dans lequel nous nicherons
pour la construction de notre identité.
L'interdiction de mariage entre les NZHIA'KO
Notons pour commencer cette partie que l'interdiction de mariage entre descendants Nzhia'ko
a toujours fait couler beaucoup de salive -moins d'encre et c'est peut-être l'occasion d'en ouvrer
une brèche notre demarche n'étant pas de le critiquer mais de le comprendre, nous nous plaisons
à le reiterer. D'emblèe ne dit-on pas qu'un peuple non eduqué à sa culture est un peuple faible
et par conséquent est appelé à disparaitre. Pour mieux cerner les contours de cet interdit,
remontons depuis la fondation des cinq villages
(BABOUTCHA-NINTCHEU, BAFANG, BABONE, BABOUTCHEU-NGALEU, BAKONDJI). Après avoir délimité leur
espace et consolidé leur autorité, ses fondateurs se seraient réunis à Babonè
(choix non hasardeux car situé au centre des 5 localités) et auraient scellé un pacte pour
reaffirmer leur consanguité. Il auraient decidé qu'aucun mariage ne peut être possible entre
leurs descendants. A cette décision, aurait suivi un rituel magique et sur l'endroit y serait
planté un arbre sacré appelé Ca'shi (prononcer tchashi) pour marquer cette interdiction.
Cet arbre survit d'ailleurs jusqu'à nos jours. On affirme qu'une génération de chefs sous la
pression de la population qui fustigeait sans menagement cet interdit auraient tenté de le
"depactiser" en vain car cela entrainerait dit-on des consequences desastreuses de type mort d'homme.
L'identité culturelle d'un peuple se reconnaissant par des valeurs précises qui se manifestent
à travers ses pratiques, ses pensées, ses croyances, nous pouvons dire que nos ancètres ont voulu
jeter les substrats de cette identité, l'identité d'un peuple uni par le sang. Voulaient-ils limiter
la portèe de l’interdiction aux descendants directs? On ne saurait le dire toujours est-il que ses
effets persistent jusqu'à nos jours. C'est peut etre l'occasion de sensibiliser la nouvelle
génération sur ce sujet.
Revenons a notre sujet pour lever deux équivoques:
D'une part le mariage dont il est question doit etre entendu au sens traditionnelle du terme
c'est-à-dire l'accord entre deux familles mariant leurs enfants avec échange de dot et tout le rituel
subséquent. C'est cette union qui est considerée comme incestueuse si d'aventure mariage il y a.
Il y aurait soutient-on des consequences néfastes sur la progeniture y provenant. Si par contre
les futurs époux s'unissaient sans recours à la pratique coutumière, il n' y aurait aucun danger
pour eux. Le cas s'observe generalement lorsque deux personnes méconnaissant leur origine commune
(Nhzi'ako) décident de vivre ensemble.
D'autre part, cette coutume ne concerne pas toutes la populations desdits villages étant donné
qu'ils sont pour la plupart des groupements à plusieurs composantes sociologiques. Il s'agit
exclusivement des descendants de la lignée royale coté paternel car la societé ici est patriarcale.
De cette facon, un Nzhi'ako peut prendre pour conjoint un KWETCHIEU (Banko) ou un NGWAPEE (Balu')
et inversément. On peut multiplier plusieurs possibilités et tenant compte des differents groupements.
En passant notons que pour conclure cette partie que cette interdiction s'observe aussi bien
chez les KWETCHIEU que chez les NGWAPEE et serait fondée sur la mème base de consanguinité.
En dernière analyse, en dehors de ses pratiques qui mal gré ou bon gré resistent au temps
beaucoup plus par peur que par respect demandons nous qu'est ce qui nous reste quand les Nzhia'ko
ont tout oublié ? Certainement pas la culture comme l'affirmait un célèbre penseur. Ce qui reste
en realité des Nzhia’ko c'est une coquille vide car l'unité voulue, les valeurs héritées de nos
martyrs sont de plus en plus renvoyées aux calendres grecques. Mis à part l'association culturelle
NZHIA'KO TOMTII basée à Bafang, il n'existe à notre connaissance aucun autre regroupement de la sorte.
C'est l'occasion de lancer un vibrant appel à nos autorités traditionnelles pour qu’ils réflechissent
longuement. Les festivals des arts et cultures Nzhia'ko ne seraient-ils pas la bienvenue?
Proposé par Mathias TCHOKOUANDEU
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